En tant qu’enfant adopté, on peut aussi faire des erreurs avec nos parents adoptifs. Je parle des 4 plus fréquentes dans cet article.
Cet article est principalement inspiré du travail de recherche de Nancy Newton Verrier, psychologue clinicienne et mère adoptive. La touche personnelle est issue de mon expérience en tant qu’adopté moi-même, et des personnes que je rencontre en consultation en tant que psychopraticien. Chaque sujet englobe une généralité sans pour autant la conditionner ; l’humain étant complexe, chaque vécu est différent. Je vous invite donc à prendre du recul puis ne garder que ce qui vous parle. Bonne lecture !
1) Nous ne sommes pas nous-même face à nos parents adoptifs
Depuis tout petit, un adopté se comporte de façon à éviter à nouveau son traumatisme d’origine ; la blessure primitive.
Pour cela, certains éviteront de s’affirmer, d’avoir des opinions différentes de leurs parents afin d’éviter les potentiels conflits. L’enfant adopté ayant été abandonné une première fois est capable de s’adapter doublement pour plaire à sa nouvelle famille grâce au faux Self : C’est un mécanisme de défense inconscient qui peut guider ses choix jusqu’à l’âge adulte.
En tant qu’adopté, nous ne sommes pas vraiment nous-même face à nos parents adoptifs. Nous pouvons donc adopter un comportement d’évitement avec eux en étant très secret sur notre vie et réservé.
Par exemple, certains adoptés (profil docile) vont jusqu’à faire le métier que leurs parents conseillent au lieu de penser à eux-mêmes. Paradoxalement, ce n’est pas une stratégie de rapprochement, mais d’évitement des conflits. Cette façon de guider leur choix peuvent s’étendre dans d’autres domaines (amical, amoureux, etc.). Par conséquent, les rapports avec les parents adoptifs et les autres ne sont pas authentiques.
De nombreux témoignages cliniques, durant les psychothérapies, montrent qu’il y a une peur de décevoir nos proches si nous exprimons nos réels envies et dévoilons notre réelle sensibilité. La peur du rejet domine. C’est cohérent avec le traumatisme de séparation avec la mère biologique qui a été vécu à l’origine. Cette crainte est donc légitime.
2) Nous cherchons à contrôler notre relation avec eux
Ce contrôle est la conséquence de la blessure primitive et, plus spécifiquement, de la peur du rejet et de l’abandon.
Quand il était bébé, l’enfant adopté n’a eu aucun contrôle sur sa séparation avec sa mère biologique. Il est passé de bras à d’autres sans pouvoir donner son avis et sans qu’on se soucie de ses émotions.
Une fois adulte, le contrôle est donc important pour éviter de revivre ce traumatisme passé. Par conséquent, nous choisissons nos rapprochement avec nos parents adoptifs ; un jour nous décidons que nous pouvons être proches d’eux, puis un autre nous nous renfermons.
Nos parents adoptifs, comme nos partenaires amoureux, sont les plus dangereux en terme de proximité ; Ce sont les personnes les plus importantes de notre vie et dont on peut être séparés à tout moment. Dans la logique de l’adopté, il faut donc encore plus anticiper la répétition du trauma afin de ne pas trop en souffrir.
Croyez-vous vraiment qu’après le long parcours humain, social, psychologique et administratif que vos parents adoptifs ont fait sur plusieurs années pour vous accueillir chez eux, ils vous laisseront tomber du jour au lendemain ? Surtout après tous les efforts qu’ils ont mis pour vous éduquez et vous aimer ?
Si vous avez des difficultés à répondre ou à croire en votre réponse, peut-être qu’il serait bon de vous faire accompagner par un professionnel pour apaiser ce stress : accompagnements ici.
3) Nous avons peur qu’ils n’acceptent pas la recherche de nos parents biologiques :
J’ai lu et entendu certains adoptés se plaindre que leurs parents adoptifs cachaient leurs dossiers d’adoption, ou bien se fermaient dés que le sujet était abordé.
Dans mon cas, les miens ont accepté qu’un jour je voudrai surement revenir vers mes origines. J’ai eu de la chance mais tous les parents adoptifs ne sont visiblement pas prêts à faire preuve de cette maturité.
Une raison possible favorisant cette immaturité de leur part :
Face à notre attitude « contrôlante » permanente, les parents adoptifs peuvent être frustrés des rapports « froids » et « brefs » qu’on a avec eux. Il y a peu de chaleur, peu d’échanges et donc peu de confiance. Par conséquent, voir que nous avons soudainement de l’engouement pour retrouver une « inconnue » qui nous a abandonné peut être ressenti comme une provocation injuste. Les parents adoptifs sont aussi nos parents. Il faut considérer ce qu’ils ressentent.
Vous devez donc faire un effort pour ajouter de l’échange et de l’authenticité entre vous.
Même si ce n’est pas facile, notre devoir est de bien leur expliquer que nous n’allons pas les abandonner pour notre famille biologique. Nous l’avons été nous-mêmes. Chaque être humain a peur de l’abandon (article sur la blessure d’abandon ici). Leur faire comprendre que ce n’est pas eux le problème, que cette quête ne concerne que vous et qu’ils n’y sont pour rien. Vous avez donc le droit de la mener.
4) Nous nous confions plus aux autres qu’à nos parents adoptifs :
Il est plus facile de parler de soi à un inconnu qu’à nos parents adoptifs. Ce raisonnement peut paraître absurde et pourtant, il a la logique suivante : Il y a moins de risque de déplaire à un inconnu plutôt que de déplaire à une personne à laquelle on tient. C’est encore une façon d’anticiper la répétition du traumatisme passé : la séparation et l’abandon.
Se confier à ses parents, c’est laisser une porte ouverte sur nous-même, de façon authentique (article sur le Vrai Moi).
Que se passerait-il s’ils nous voyaient tels que nous sommes ? Avec notre sensibilité et nos réelles envies… Pour éviter tout rejet de leur part, nous avons peut-être fait le choix de nous comporter comme l’idéal qu’ils se faisaient de l’enfant qu’ils auraient voulu avoir (article sur le faux Moi).
Pour des parents adoptifs, ça peut être frustrant de voir que leur enfant adopté a plus de facilités à communiquer avec les autres et ne dit que très peu de choses en famille. Ce qui peut donner lieu à des incompréhensions et disputes. Les parents adoptifs sont aussi des êtres humains avec leurs propres questions et agissent en fonction de ce qu’ils vivent avec vous.
Si vous parlez peu à vos parents adoptifs et que vous les sentez ouverts à la conversation, prenez le risque de vous confier. C’est une façon de renforcer les liens entre vous et une occasion d’en apprendre plus sur eux.
Si au contraire, vous avez de mauvais rapports, alors devinez d’abord leurs craintes et leurs peines antérieures. Sans pour autant devenir leur thérapeute, vous pouvez développer de l’empathie envers eux. Il sera donc plus facile de communiquer par la suite.
Conclusion :
Peu de parents sont formés aux conséquences psychologiques liées à l’adoption. Vous ne vous sentirez donc peut-être pas toujours compris. Mais chaque être humain fait de son mieux avec ses propres connaissances.
Vos parents adoptifs font parties de ces êtres qui font de leur mieux avec vous. Eux aussi ont des blessures mais ont une façon différente de les gérer. La plupart ne vont pas en parler et continuer leur vie comme si de rien n’était. Apprendre à comprendre leur comportement, c’est le début de l’empathie. Cette capacité à comprendre l’autre vous permet de communiquer plus facilement avec vos parents adoptifs. Nous avons tout à gagner à nous rapprocher d’eux.
Si c’est difficile malgré tout et que vous êtes désireux de renforcer vos liens avec eux, je vous aide dans le cadre d’une consultation ici.
Prenez soin de vous.
Mots clés : enfant adopté, parents adoptifs, relation enfant adopté parents adoptifs
Recherches utilisées pour trouver cet article : https://www sadoptersoi com/4-erreurs-qui-nous-eloignent-de-nos-parents-adoptifs/
Top ton article Jocelyn 😀
Merci Lona 😉
Très intéressant cet article ! Mère adoptive de 2 filles ( 18 et 20 ans ) , je vais suivre le blog avec intérêt !
Merci Valérie. 😉 En ce moment je prépare des articles qui seront un peu plus consacrés aux parents justement.
A très vite !