J’aborde 5 raisons de se débarrasser du perfectionnisme. C’est une caractéristique qu’on retrouve de façon exacerbée chez certains adoptés et qui génère, malgré tout, de la souffrance.
Cet article est principalement inspiré du travail de recherche de Nancy Newton Verrier, psychologue clinicienne et mère adoptive. La touche personnelle est issue de mon expérience en tant qu’adopté moi-même, et des personnes que je rencontre en consultation en tant que psychopraticien. Chaque sujet englobe une généralité sans pour autant la conditionner ; l’humain étant complexe, chaque vécu est différent. Je vous invite donc à prendre du recul puis ne garder que ce qui vous parle. Bonne lecture !
1) Vous devez tout faire tout(e) seul(e)
Durant de longues années, je pensais qu’avoir besoin des autres, c’était être « dépendant » et « faible« . Donc je refusais leur aide et m’isolais par peur de paraître incompétent ou « pas assez bien. » Beaucoup d’adoptés comme moi ont d’ailleurs un tempérament solitaire. On aime garder notre confort, que ce soit chez nous comme dans notre lieu de travail : On reste secret pour éviter au maximum toute image de « faiblesse » vis-à-vis d’autrui.
Si comme moi vous vous reconnaissez, sachez que nos avantages sont :
- L’anticipation
- L’organisation
- Respecter une routine
- La capacité d’adaptation
- La discrétion
Chaque médaille a son revers et les voici :
- Le sentiment d’alerte constante
- L’incapacité de déléguer le travail à quelqu’un d’autre et risquer la surcharge.
- Mal vivre les changements et imprévus
- Le masque social
- L’isolement
Les raisons de la croyance qu’on doit faire cavalier seul :
Très tôt, l’enfant adopté a la croyance d’être « mauvais » ou même « défectueux » sinon, se dit-il, pourquoi aurait-il été abandonné ? Devenir perfectionniste dans chacune de nos tâche devient alors logique puisqu’il faut « réparer » ce qui ne va pas chez nous.
Hélas, ce sont des croyances défensives pour justifier l’acte d’abandon qui n’est pas dans l’ordre naturel des choses ; en effet, un enfant devrait se développer auprès de celle qui l’a mis au monde. La plupart des mères biologiques qui abandonnent leur enfant le font à cause d’une contrainte externe (pauvreté, maladie, environnement familial violent, etc.). Une fois que nous prenons conscience de cette réalité, le « devoir » d’être parfait perd progressivement de son sens.
La notion de perfection est subjective ; c’est une croyance qui a été crée par l’être humain. En revanche, on peut faire de notre mieux avec ce qu’on est et ce qu’on a. C’est l’optique du Soi croissance.
Que faire ?
Nous devons donc laisser les autres nous aider quand nous nous sentons en difficulté. Ce n’est pas facile mais c’est de cette façon que vous créerez un lien authentique avec eux. Plus vous acceptez de vous dévoiler et plus vous expérimentez un niveau de confiance supérieur avec les autres. C’est important parce que ça nous aide à être plus à l’aise dans nos relations sociales.
2) Vous avez trop peur d’échouer
Qui n’a jamais eu peur de l’échec ? J’ai encore cette peur aujourd’hui quand il s’agit de certains projets, surtout quand ça implique mes proches.
Ayant vécu la blessure primitive, un adopté sera potentiellement plus sensible à la peur de l’échec. Elle est liée à l’image qu’on se renvoie à nous-même et possiblement aux autres. Elle toutefois liée, en premier lieu, au choix.
Comme le dit le proverbe : « Choisir, c’est renoncer. » Faire un choix, c’est donc assumer les conséquences de l’inconnu. Nous savons ce que nous perdons mais pas ce que nous pouvons gagner par la suite.
L’enfant adopté a perdu sa mère biologique au début de sa vie. C’est un sentiment lourd qui s’inscrit dans l’inconscient, de façon constante. Il se traduit par un sentiment de panique lorsqu’une situation d’échec arrive.
Le but est d’éviter l’échec à tout prix. Or, nous avons connu et connaîtrons des échecs, même en cherchant à les éviter, malgré tout.
Que faire ?
Reconnaître l’ampleur de la peur de l’échec chez vous. Ne cherchez pas à la minimiser puisque ça guide les choix les plus importants de votre vie. Tout le monde a une peur panique de quelque chose et c’est souvent personnel. Certaines personnes n’ont même pas conscience de leur plus grande peur… Vous, vous avez l’occasion de la regarder en face.
Prendre conscience que l’échec est une occasion de grandir. Souvent on se rend compte que nos fantasmes dépassent la réalité une fois qu’on les a concrétisé. Il en est de même quand vous échouez ; ce qui vous semblait monstrueux à l’époque, vous avez quand même su le surmonter. Ceux qui ont réussi ont persévéré. Ils vous diront qu’ils ont échoué de nombreuses fois avant de connaitre leur « réussite ».
3) Vous avez même peur de réussir
La peur de réussir peut sembler paradoxale. Mais si on l’approfondit, surtout dans le cadre de la blessure primitive, elle devient logique.
Ça nous ramène au sentiment d’être « indigne » : Puisque notre mère biologique nous a laissé, c’est que nous ne devions pas être digne d’être aimer et de recevoir de l’attention. C’est une croyance inconsciente évidemment mais qui, tout de même, empêche de se laisser aller à toute forme de réussite dans les domaines les plus importants de notre vie.
Que faire ?
Commencez par réussir des petites choses puis acceptez les compliments. Les compliments nous rappellent que nous somme digne de l’attention qui nous est portée. Ce n’est peut-être pas facile pour vous, mais commencez par répondre un simple « Merci » lorsque vous en recevez un.
Vous devez donc aussi prendre conscience que votre sentiment d’être « indigne » cherche à prendre le dessus sur votre vie. Comme rappelé plus haut, une mère biologique abandonne son enfant à cause de contraintes externes, pas à cause de l’enfant en lui-même. Vous n’avez donc aucun problème ; c’est la situation de départ qui était problématique.
Un travail personnel est parfois nécessaire auprès de professionnels. Vous pouvez voir les différents types d’accompagnements ici.
4) Vous ne vivez que pour le regard des autres
Les autres sont, au début de la vie, vus comme des étrangers. Le seul “autre” en qui on peut avoir confiance, c’est à celui qui nous a porté pendant 9 mois ; notre mère biologique. Il est donc normal de vouloir plaire à l’entité qui nous a apporté confort et chaleur à l’entrée dans ce monde.
L’enfant adopté, ayant été abandonné par sa mère biologique, a du prouver doublement qu’il devait être digne de l’attention de ses parents adoptifs afin de ne pas être abandonné de nouveau. Et ce, même s’il ne se sent jamais pleinement digne.
Le regard des autres est donc particulièrement important.
Il suffit de voir la corpulence d’un bébé pour se rendre compte que l’être humain est l’un des mammifères les plus dépendants à leur naissance. Il n’a donc pas d’autres choix que de s’en remettre aux autres.
Par exemple, bien travailler dans le cadre professionnel est une bonne chose. Mais se rajouter du travail au point de frôler le burn-out, c’est idiot… Car finalement, on s’oublie soi-même pour le regard que les autres auront sur nous, et non sur notre travail.
Que faire ?
Commencez par vous affirmer et à prendre partie pour ce qui vous plaît, même si ce sont des petites choses. Par exemple, si vous êtes croyants et que vous savez que ça peut déplaire à certaines personnes de votre entourage, restez quand même croyant. Si vous aimez le reggae et que vos proches n’aiment pas ça, continuez à aimer le reggae quand même, etc.
En revanche, si vous voulez continuer à plaire aux autres, remettez-vous en à eux. Ainsi ils choisiront vos centres d’intérêts, votre attitude, votre travail, vos repas, vos horaires de travail, vos ami(e)s, vos sorties, votre conjoint(e), vos vêtements, l’endroit où vous vivez, etc.
5) Vous êtes incapable de lâcher prise
Garder le contrôle est une forme de perfectionnisme. Comme le proverbe le dit : « On n’est jamais mieux servi que par soi-même. » Ce qui rejoint le 1er point de cet article. Le sentiment de perte de contrôle amène des émotions d’angoisse, voire de panique.
La séparation avec la mère biologique est un traumatisme qui laisse l’enfant « en alerte » constante. Un adopté s’est senti comme “enlevé” des bras de sa mère, emmené dans plusieurs endroits avec des personnes différentes, puis face à une nouvelle mère qui n’est pas celle d’origine. La notion de contrôle devient donc plus centrale chez lui que chez une personne non-adoptée.
Que faire ?
Renseignez-vous sur le stoïcisme qui est un des courants philosophiques les plus influents de la Grèce Antique. Il vous aidera considérablement dans votre développement personnel.
Vous devez prendre conscience que rien ne sera exactement comme vous l’aurez imaginer. L’avenir est incertain. Vous pouvez anticiper ce qui est en votre pouvoir. Pour ce qui est du reste, vous devez faire confiance. Ainsi vous stresserez moins et aurez plus d’énergie pour les activités que vous aimez.
Conclusion :
Le perfectionnisme est vue comme une qualité dans notre société. Pourtant, il faut garder à l’esprit que personne n’est parfait, ni même nos œuvres. Accepter notre imperfection est le meilleur des services qu’on peut se rendre à soi-même. Car quelqu’un qui se sait imparfait s’autorisera à commencer par construire ses projets au lieu d’attendre le « parfait » moment.
Si vous avez tout de même du mal à vous mettre « en mouvement » malgré cet article, plusieurs accompagnements vous sont proposées dans l’annuaire thérapeutes.
Prenez soin de vous.
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Une réflexion sur « 5 raisons d’éradiquer le perfectionnisme quand on est adopté »