Cet article se base sur les recherches que j’ai pu faire moi-même au travers des ouvrages psychologiques sur la blessure primitive des adoptés, ainsi que sur mon expérience personnelle et le témoignage des adoptés que j’ai pu rencontrer. Voici donc les 5 difficultés liées à la blessure primitive dans la vie quotidienne des adoptés en souffrance.
Cet article est principalement inspiré du travail de recherche de Nancy Newton Verrier, psychologue clinicienne et mère adoptive. La touche personnelle est issue de mon expérience en tant qu’adopté moi-même, et des personnes que je rencontre en consultation en tant que psychopraticien. Chaque sujet englobe une généralité sans pour autant la conditionner ; l’humain étant complexe, chaque vécu est différent. Je vous invite donc à prendre du recul puis ne garder que ce qui vous parle. Bonne lecture !
1) Le rapport aux parents adoptifs
Le bébé sait dès le début que ses parents adoptifs ne sont pas ses « vrais » parents. Il le ressent comme décrit dans cet article sur le reflet génétique.
Les réactions émotionnelles sont donc gérées différemment. Certains enfants développeront une colère inconsciente, à une grande intolérance au mensonge et à l’injustice, d’autres une grande tristesse, émotif à toute situation abandonnique, ou une anxiété permanente, en alerte sur tous les changements pouvant survenir.
Le plus souvent, deux profils concernant l’enfant adopté se distinguent par rapport à ses parents. Le docile et le rebelle :
- Le docile se conformera à ses parents adoptifs et cherchera l’adaptation par peur d’être abandonné à nouveau.
- Le rebelle se distinguera de ses parents adoptifs en cherchant des points de différence avec eux et sera dans l’opposition à l’autorité.
C’est une description rapide. Pour plus d’informations sur ces deux profils, je vous invite à vous renseigner dans le prochain article qui sortira ici (lien prochainement).
2) Le rapport à l’autorité
Cette difficulté est le plus souvent visible en terrain professionnel, et plus particulièrement dans le cadre du salariat.
Être salarié, c’est avoir la responsabilité d’une tâche, des horaires à respecter et parfois une image à communiquer au personnel ou/et aux clients. Les codes de l’entreprise sont souvent établis par le « patron » de la structure.
Ceci peut être un problème pour un adopté en souffrance.
Je l’ai moi-même vécu à de nombreuses reprises quand je faisais encore des boulots salariés :
Après mes études, j’ai pris un travail à mi-temps en restauration. J’avais la sensation de devoir porter un masque en permanence et de raser les murs pour ne pas déplaire à mes collègues, ni au patron duquel je dépendais pour « vivre ». Je pensais, à tort, que je ne pouvais pas faire autre chose et que j’avais besoin d’argent pour payer mon loyer. Il n’y a rien de plus « bridant » et frustrant que de se coincer soi-même dans ce genre de situation.
L’une des autres raisons pour lesquelles un adopté peut avoir des difficultés avec l’autorité est qu’il ne fait plus confiance à ceux qui se présentent comme « guide ».
Ayant la sensation qu’on lui a menti sur le fait que ses parents ne sont pas ses vrais parents, il va refuser tout ordre et parfois faire l’opposé de ce qu’on lui demande. Ceci engendre une sorte d’auto-sabotage inconscient.
Autre raison : le complexe de perfection. Un adopté mal à l’aise dans le salariat va essayer de faire au mieux, voire trop. Souvent « bêtes de travail », ils ne supporteront pas quand on leur fera une remarque car elle sera perçue directement comme un reproche, voire une attaque.
L’objectif d’être parfait dans leur travail amène à la volonté de se faire bien voir et donc, de se faire aimer.
L’amour, c’est la sécurité. L’enfant abandonné du passé la recherche encore mais par le travail.
L’inconvénient à long terme : soit l’adopté « trop » sensible se fera licencier rapidement, soit il s’efforcera de rester dans une boite où il ne s’épanouit pas, ayant des problèmes de communication avec l’autorité, jusqu’au jour où il y aura licenciement ou démission. Certains vont parfois jusqu’au burn-out.
Le travail à faire : Pacifier son rapport à l’autorité et aux critiques des autres. Prendre conscience que ces dernières ne sont pas toutes malveillantes.
3) Les relations amoureuses et amicales
C’est sûrement l’aspect le plus dramatisé par la blessure primitive : La relation amicale ou/et sentimentale.
Un adopté en souffrance recherche l’amour plus que toute autre chose, tout en ne se sentant pas digne d’être aimé.
L’amour est en réalité un prétexte pour retrouver le sentiment perdu de fusion avec la mère biologique (peau à peau, chaleur, odeur, sécurité). Cela favorise grandement la dépendance affective et le besoin de relations sexuelles.
Il y a la croyance que la parole rassurante et le contact physique direct de l’autre sont les seuls moyens de recevoir son « amour ». Or, il y en a beaucoup d’autres : activités à deux, projet professionnel commun, cadeaux, respect de l’individualité de l’autre, respect de ses moments de solitude, confiance, etc.
Ceci s’applique également dans les relations amicales qui peuvent être empreinte d’une grande possessivité. Dans ce cas, elles peuvent devenir « toxiques » ; basculant de fusionnelle à dramatique.
L’inconvénient à long terme : Par peur de ne pas contacter autant l’amour que l’adopté en souffrance le voudrait, il aura tendance à développer des comportements de manipulation afin de rapprocher l’autre de lui.
S’il ne le fait pas, il ne parviendra pas à maîtriser ses émotions, se laissant aller au dramatisme de ses pensées emplies de peurs imaginaires.
Bonus : La peur d’être abandonné est imaginaire puisqu’elle n’est pas arrivée. Le futur est imprévisible. Quand bien même cela s’est déjà produit dans le passé, ça n’existe plus puisque c’est passé.
Les relations seront alors vécues de manière immature et deviennent même souvent toxiques.
Le travail à faire : Commencer une profonde introspection afin de reconnaître et d’apaiser sa blessure primitive. Vous pouvez le faire accompagné par un professionnel proposant des outils concrets pour la dépasser, comme ceux proposés ici, ou pourquoi pas par de nombreuses méditations / hypnoses disponibles sur YouTube en attendant (blessure de rejet ou d’abandon).
4) L’univers psychiatrique
La plupart des adoptés que j’ai reçus en consultation ont déjà passé un séjour en clinique ou en hôpital à cause de tentatives de suicide, d’une dépression, des troubles de la personnalité schizoïde, etc.
Le diagnostic le plus souvent donné à leur égard est « Borderline« .
Je ne suis pas professionnel de santé. Je ne vais pas détailler les différences entre la blessure primitive des adoptés et les borderline dans cet article mais plutôt dans un prochain, après étude approfondie. Il y a des similitudes entre ces deux profils mais aussi de grandes différences. Si vous voulez en savoir plus, je vous recommande un chapitre sur le sujet dans le livre Renouer avec soi, l’enfant adopté devenu adulte qui vous l’explique merveilleusement bien.
Je reçois le plus souvent leurs proches (famille ou conjoints), dépassés par la situation et ne sachant plus quoi faire.
Parfois, la vie peut être perçue comme un enchaînement de complications et de souffrances de la part des adoptés en souffrance. Chaque chose du monde apparaît comme « dure » et n’a aucun sens.
Nombre d’entre eux se plongent dans les addictions (alcool, cannabis, cocaïne, sexe, etc.) afin « d’anesthésier » leur rapport à la réalité vécu comme douloureuse en permanence. Malheureusement, certains adoptés vont jusqu’aux tentatives de suicide.
Seul un travail personnel sérieux sera en mesure de faire changer ce filtre issu de la blessure primitive. Si vous êtes dans ce cas, vous pouvez vous faire accompagner par un professionnel travaillant sur les émotions avec des outils comme ceux présentés ici. Cependant, l’auto-hypnose et les méditations guidées permettent aussi de faire un travail en dehors du cabinet ; de nombreuses vidéos sont déjà disponibles sur internet (guérir blessure de rejet, d’abandon, etc.).
Vous devez surtout en avoir envie par amour pour la vie ; celle que vous pouvez vivre plus sereinement.
J’ai remarqué que les plus « désespérés » et s’estimant comme les plus « noirs », sont les plus désireux et capables de se rapprocher de ce qu’il y a de plus « lumineux » en eux.
5) Trop dans le mental
Notre mental sert à analyser, trier et organiser les informations. Il aide avant de se lancer dans un projet.
Cependant, il devient un handicap quand il agit sur la base de nos peurs.
Adoptée ou non, si on ne commence pas un projet qui nous tient à cœur alors qu’on sait exactement ce qu’on doit faire pour le commencer, c’est par peur d’échouer.
La peur de l’échec est la difficulté numéro une dans le développement personnel d’un individu.
Un adopté en proie à sa blessure primitive aura non seulement peur de l’échec mais en plus le sentiment d’être indigne de « réussir » puisque, à un niveau inconscient, « sa mère l’a abandonné ». Pour apaiser cette gêne, il aura pour principal travail d’accepter l’éventualité de l’échec et d’échouer dans l’avenir.
⚠ Accepter d’échouer ne veut pas dire se complaire dans la croyance d’être médiocre quoi qu’on fasse.
Et bien sûr, d’accepter de réussir ses projets.
Pourquoi est-ce difficile d’échouer ?
La croyance d’avoir moins de valeur si on échoue contrôle chaque effort. C’est souvent révélateur du regard que l’on porte sur nous-mêmes d’ailleurs : « Si j’échoue, je serai nul / sans intérêt / dégueulasse / je ne vaux rien, etc. »
J’ai moi-même longtemps été victime de cette peur et elle m’a semblé longtemps abstraite puisque je la pensais évidente, à ce point, chez tout le monde.
L’inconvénient sur le long terme : En tant qu’adopté, on va passer plus de temps dans notre mental, à réfléchir, plutôt qu’à faire ce qu’on sait être bénéfique pour nous. Restant alors dans les difficultés actuelles qui ne font que s’accumuler de plus en plus.
C’est un travail d’estime de soi, à appliquer dans toutes les conditions, même d’échec. Ceci nécessite une introspection personnelle pour développer la connaissance de soi, que ce soit avec l’aide d’un professionnel familier à la problématique, comme ceux présentés ici.
Ma conclusion :
Pour se débarrasser de ces 5 difficultés, il vous faudra entamer un travail progressif. J’entends par progressif : en douceur certes, mais volontaire et constant.
Prenez donc conscience de ces difficultés dans chaque domaine de votre vie. Observez comment elles se manifestent chez vous, puis avec qui, dans quels lieux, etc. Il est important de les identifier de cette façon. Puis aller sur le terrain des ressentis.
Encore une fois, ce travail peut s’effectuer seul mais ce sera plus long selon moi… à vous de voir.
Même si j’ai moi-même toujours eu envie de faire mon cheminement personnel seul, j’ai eu parfois besoin d’aide ponctuelle de professionnels.
Aujourd’hui, j’aide moi-même les personnes à dépasser les difficultés qu’elles rencontrent. Si vous voulez réserver une séance avec moi cliquez ici.
Prenez soin de vous.
Mots clés : enfant adopté, adoption, adopté, famille adoptive, parents adoptifs, blessure primitive
Recherches utilisées pour trouver cet article : https://www sadoptersoi com/5-difficultes-de-la-blessure-primitive-chez-les-adoptes/