Petit témoignage de mon parcours où j’explique : comment j’ai battu mon record de temps dans le milieu professionnel, et les précieux enseignements que j’en ai retiré en comparant avec ce que j’ai pu vivre au niveau de mes tâches d’auparavant.
(Article écrit le 23 novembre 2016)
Petite histoire…
Il y a un an, jour pour jour, je revenais d’une journée de travail pluvieuse. J’étais commercial indépendant pour un fournisseur d’énergie connu. Je faisais du porte à porte et convainquais les gens à changer de fournisseur, en leur faisant signer des contrats sur celui pour lequel je travaillais (oui j’ai fait ça…). A la fin de cette journée, j’étais vidé, trempé, et blasé. Le week-end qui suivi j’ai pensé à la libération que ce serait de quitter ce job. Une bouffée d’air frais !
Il faut dire que ce travail que j’avais choisi n’avait rien de reposant. C’était un choix extrême me négligeant moi et fait sur la désirabilité sociale. Je m’explique : Je n’avais auparavant que travailler dans des missions intérims, courtes et par défaut ; ouvrier agro-alimentaire en usine, manutentionnaire de chantier, animateur commercial…
Et là j’avais l’occasion de faire commercial indépendant chez un fournisseur Gaz et Electricité connu. Je me voyais gagner en valeur dans les yeux des gens. C’était une profession qui paraissait plus gratifiante, plus tape à l’oeil et surtout, bien mieux payée ! Bref, ce que je souhaitais pour remonter ma valeur personnelle, m’aider de quelque chose d’extérieur, quelque chose que les autres autour de moi et dans ma famille, semblaient toujours maîtriser : garder un travail stable et bien rémunéré.
J’ai commencé la dernière semaine de septembre. Dés le 1er jour, je faisais mon premier contrat (35€ net à l’époque). Puis je me suis bien débrouillé ; j’étais sur une moyenne de 3 contrats par jour. Il faut dire que nous avions une manageuse qui savait vendre et nous l’enseignait bien.
Par contre, je n’ai jamais eu autant de problèmes de santé dans un boulot : tendinite, maux de dos, sinusite, baisse de tension… En plus, je dormais mal. Mon corps ne somatisait-il pas ?
Ma qualité de vie a augmenté par les petits plaisirs que je me faisais lorsque je ne travaillais pas : restos, livraisons, achats de beaux vêtements, sorties…
Mais c’était bien entendu au prix d’horaires irrégulières : nous commencions à 9h30 puis nous terminions une fois après avoir fait 3 contrats minimum. Autant vous dire que j’ai connu des journées de presque plus de 10h. C’est d’ailleurs ça qui était motivant (et piégeux) ; le choix de faire plus d’argent ou de s’arrêter pour se reposer.
Au final, ce travail symbolisait bien le mal de l’époque : Travailler à s’en oublier, oublier sa santé et surtout s’oublier soi…
C’est bien de ça dont il s’agissait, de m’oublier moi. Je dirai même qu’il s’agissait de me punir moi : Cette croyance de l’enfant adopté traumatisé qui pense être mauvais, puisque c’est la seule hypothèse possible qui justifierai son abandon par sa mère biologique. Je m’abandonnais donc aux autres par le choix de cette profession.
Et comme je n’en étais pas conscient, je combattais du mauvais coté, allant contre ma nature pour m’intégrer à une autre qui n’était pas la mienne. Mais les raisons qui m’y poussaient étaient ces désirs de mon enfant intérieur (traumatisé) : s’adapter au mieux à l’autre, trouver la reconnaissance, ne jamais être abandonner, laisser la responsabilité de soi aux autres (comme durant la procédure d’adoption). C’est pour ceci que j’allais vers cette profession qui m’a fait mal (et beaucoup apporté).
A ce week-end d’il y a un an jour pour jour, je pris la décision, en parlant avec mon amie de l’époque, de quitter ce travail. Le lundi qui suivi, je me trouvais dans le bureau de la manageuse pour signer ma démission. Nous nous quittâmes cordialement. Ce fut le boulot que je garda le plus longtemps. Et je m’en allais léger vers une « nouvelle vie ». Oui, il était bon de passer à autre chose.
L’inconvénient était, en contre-partie, que je n’étais pas encore adulte à l’époque hélas… Peu responsable, et avec aucune conscience de ce qui dictait mes comportements, ma blessure d’adoption.
Et aujourd’hui…
Aujourd’hui je suis fier de constater que j’ai commencé mes deux temps partiels dés la première semaine de septembre et que je suis toujours en poste dans l’un comme dans l’autre !
Mon corps ne somatise pas autant que dans ma profession passée de commercial. Le seul obstacle pour le moment semble être mes jambes : Au Mac Do j’ai des douleurs à force de piétiner, marcher (décidément) mais c’est supportable. L’important est que j’ai le moral vis à vis de ce que je fais : je plaisante avec mes charmantes collègues de comptoir, je m’entends plutôt bien avec les manageurs, je fais en général bien mon travail et les tâches qui me sont données m’offrent des petites satisfactions personnelles.
Au baby-sitting, je m’entends bien avec la petite. Je pense qu’on a crée un lien de confiance mutuelle elle et moi, et on joue de plus en plus, je me prête au jeu de l’imaginaire qui est quelque chose que trop d’adultes perdent avec le temps. Je me sens plus investis que dans toutes les autres gardes d’enfants que j’ai pu faire. De plus, c’est enrichissant pour moi de voir le développement d’un enfant : ses liens affectifs, son monde, ses questions…
3 choses qui m’ont grandement aidé :
Dés le début de ces contrats, je m’étais déjà préparé :
- Chaque crainte et émotion de lassitude devait être surmontée, car c’était la seule manière pour moi de changer. Et je peux dire que la volonté de changer couplée avec l’émotion agréable de cette perspective (celle que j’allais devenir meilleur) m’a aidé plus que tout.
- Ne pas hésiter à mettre de ma personnalité dans mon travail. Je ne suis pas qu’un numéro ou un poste. J’ai une personnalité et mes interactions avec mes collègues ainsi que ma façon propre de travailler (du temps que les tâches sont accomplies) sont ce qui me font. VOIR VIDEO
- J’ai une vie à coté du travail : Mon blog, mes recherches personnelles, mes formations, une activité sportive, des amis parfois… Ceci est très important pour ne pas avoir la sensation de n’être qu’un poste ou un statut. VOIR VIDEO
Conclusion :
Ma vie change grâce aux prises de conscience que je gagne dans mes recherches personnelles, et surtout par les actes que je me pose (et dont je me tiens RESPONSABLE). J’ai peut-être compris ce qu’est être « responsable de sa vie ». La démission (même si il n’en est pas question pour le moment) me semble être moins une libération et moins une crainte pour la suite ; je sais que je peux me débrouiller et qu’il y a toujours un moyen de rebondir : des milliers de possibilités ne s’offrent pas à moi mais partent de moi.