Cet article « préventif » est le complément de Pourquoi retrouver sa famille biologique est important ? Il s’adresse surtout aux adoptés qui se sentent « pressés » dans la quête de leurs origines. Parce que retrouver sa famille biologique peut apporter des réponses sur soi mais ne résout pas toutes nos difficultés. J’explique pourquoi dans cet article.
Cet article est principalement inspiré du travail de recherche de Nancy Newton Verrier, psychologue clinicienne et mère adoptive. La touche personnelle est issue de mon expérience en tant qu’adopté moi-même, et des personnes que je rencontre en consultation en tant que psychopraticien. Chaque sujet englobe une généralité sans pour autant la conditionner ; l’humain étant complexe, chaque vécu est différent. Je vous invite donc à prendre du recul puis ne garder que ce qui vous parle. Bonne lecture !
Le reflet génétique : « de qui je tiens… »
Le reflet génétique est le fait de reconnaître spontanément des caractéristiques personnelles chez autrui : qu’elles soient physiques, comportementales ou même mentales. Donc, c’est quelque chose propre à la famille de naissance.
Les études en neurosciences montrent qu’il est important pour le bébé. Ce dernier est apaisé de reconnaître des caractéristiques biologiques qu’il a en commun avec sa mère biologique principalement. Et ce, même si lui-même ne s’est jamais vu dans un miroir pour voir à quoi il ressemblait. Ça fait partie du lien « mystique » entre une mère et son enfant.
Ce reflet, n’ayant jamais été vécu par les adoptés qui n’ont jamais revu leur famille d’origine, est quelque chose de symbolique ; la perte de vue des liens du sang. Nous existons parce que notre mère biologique nous a porté durant 9 mois.
Une adoptée m’a confié qu’elle était déçue de sa rencontre avec sa mère biologique. Cependant, elle a au moins eu une réponse à une de ses questions : de qui elle tenait ses traits physiques.
Donc, le reflet génétique nous donne la réponse de qui nous tenons. L’autre reflète ce que nous sommes, et devient un miroir de nous-même.
Le pays d’origine : D’où l’on vient ?
Souvent, on commence par chercher sur internet et les réseaux sociaux. Puis, on finit par prendre un billet d’avion si on se sent prêt. L’initiative de se lancer dans la quête de vos origines est un grand pas. Si vous avez besoin de ressources pour vous y aider lisez cet article.
Le simple fait d’être sur place, dans son pays d’origine, peut nous apporter des réponses indirectes en termes de ressentis. Comme pour connaître une ville, il faut l’explorer, en connaître son histoire, ses coutumes, etc. Ainsi, nous pouvons voir s’il y a bien des choses qui nous « appartiennent » dans notre pays d’origine.
J’ai déjà eu la chance de retourner dans mon pays d’origine (Brésil) en 2017 avec mes parents adoptifs.
Personnellement, j’ai pu mieux connaître la culture de mon peuple d’origine. Loin des clichés du Brésil qu’on en a en France et ça fait du bien d’en avoir une nouvelle image. Est-ce que je me suis bien reconnu dans leur culture ? Pas spécialement mais j’ai bien aimé ce que j’y ai vu. Si j’y reviens, j’y resterai plus longtemps et travaillerai plus mon Portugais. Mon regret est de ne pas avoir échanger plus avec les locaux. Je vous conseille d’ailleurs de le faire aussi pour avoir confiance en vous dans votre pays d’origine comme je l’explique dans cet article.
À la rigueur, j’ai peut-être une explication de pourquoi j’aime autant les sauces dans la cuisine en général : les brésiliens adorent.
Concernant certains adoptés avec qui j’ai échangé, j’ai eu des retours assez contradictoires. De « Je me suis senti comme chez moi » à « J’ai eu du mal… ». Tous ont néanmoins un point commun : leurs pays d’origine ne les laissent pas indifférents.
Voir son pays d’origine, c’est voir le pays dans lequel nos ancêtres ont vécu. Il y a une culture, une histoire, une atmosphère…
Pour ceux qui sont adoptés de France, c’est finalement la même chose à une échelle plus réduite : classe sociale de la famille biologique, son histoire, entourage de celle-ci, culture de la région d’origine, etc.
Une adoptée des Philippines m’a raconté qu’elle adorait voyager. Elle avait fait presque tous les pays du monde étant jeune, sauf son pays d’origine qui était les Philippines. Elles reconnait avoir fait un long déni là-dessus. Elle se considérait comme « Française » et avait une image biaisée des Philippins. C’est le jour où elle s’est enfin décidée à remettre les pieds dans son pays de naissance, qu’elle a ressenti une « douceur ». Celle de se sentir en phase avec certaines coutumes et attitudes des habitants. L’image qu’elle en a eue est devenue moins caricaturée. Elle a su retirer le meilleur de sa culture et de son peuple, auquel elle pouvait s’identifier un peu plus. Désormais, elle est plus « en paix » avec son identité.
Pour d’autres, ce fut l’expérience inverse :
Une adoptée de Colombie m’a racontée qu’à une période où elle ne se sentait pas bien dans sa vie, elle pensait que c’était liée à son pays d’adoption : la France. Ayant des informations sur sa famille biologique, elle retourna en Colombie pour les rencontrer et voir son pays d’origine. Elle s’est finalement sentie étrangère, rien ne lui était familier. La chose la plus désagréable fut le regard des gens autour d’elle à cause de son style occidentalisé, ainsi que les murmures à son sujet. Elle est revenue en France, déçue.
Si vous comptez retourner dans votre pays d’origine pour avoir plus de réponses sur vous-même, sachez que votre expérience sera la vôtre.
Voir de qui nous tenons est-il indispensable à notre bien-être ?
La réponse est oui ET non.
En vérité, la réponse dépendra de l’importance que vous accorderez à cette question. Si vous avez l’intime conviction que seul le fait de voir votre famille biologique résoudra le puzzle de votre vie, alors il y a de fortes chances que ce soit le cas.
La projection positive, lorsqu’elle est ressentie comme une évidence, nous montre tout ce que nous avons envie de voir. Elle agit comme un filtre qui ne va retenir que les informations bénéfiques à notre bien-être. Le pays d’origine devient alors l’eldorado qu’on a toujours espéré.
Si au contraire, vous n’en ressentez pas le besoin et vous sentez capable de résoudre le puzzle de votre vie par vous-même, acceptant une part de vide, alors vous êtes gagnant aussi.
Qui sommes-nous ?
Si retrouver notre reflet génétique et notre pays d’origine mettent un éclairage supplémentaire sur notre histoire, qu’allons nous faire après ?
Certes, nous avons revu notre famille, avec les émotions fortes que cela a suscité, et nous devons retourner à la réalité de notre quotidien.
Quoi qu’il arrive, ces éléments supplémentaires de notre histoire sont un plus mais pas forcément une nécessité.
Métaphore du chantier :
Voyons la vie comme une construction permanente : En tant qu’adopté, ils vous manquait des éléments. Vous avez alors commencé à construire avec ce que vous aviez, sans savoir vraiment desquels il s’agissait. Mais vous avez quand même construit. Parfois, ne pas savoir vous tourmentait : « Est-ce qu’on peut continuer à construire sans savoir ce qu’on utilise ? Est-ce que j’utilise les bons éléments ? Est-ce que tout ça a un sens ?… » Pour d’autres, ils construisent en s’adaptant, en se posant moins de questions. Ceux qui s’en posent vont alors être tentés d’arrêter la construction, pensant que nommer leurs éléments est indispensable pour la terminer.
Une fois qu’ils ont réussi à nommer les éléments, à savoir pourquoi ils s’accordaient, ils sont heureux… mais la construction n’est pas terminée pour autant. Désillusion pour ceux qui comptaient sur cette recherche pour s’en délester.
Moralité :
On ne se débarrasse pas de notre construction de soi en la laissant à quelque chose d’extérieur (votre famille biologique). C’est de la déresponsabilisation.
Les actions à mener sont avant tout intérieures. C’est se responsabiliser.
Le reflet n’est pas toujours agréable :
De plus, avec le reflet génétique, si l’autre est le reflet de ce que nous sommes, il serait mieux de s’estimer un minimum car on pourrait très bien ne pas aimer ce que nous voyons :
- Les caractéristiques de nous-même que nous n’acceptons pas, l’autre les reflétera. Que ce soit un membre de la famille biologique ou les habitants du pays. Par exemple : votre mère/père/frère/sœur biologique peut avoir des comportements que vous ne vous êtes jamais autorisé(e) à avoir. D’où l’importance d’un travail minimum de construction personnelle au préalable.
Plusieurs question à se poser pour augmenter son estime de soi :
-Que fais-je pour prendre soin de moi au quotidien ?
-Qu’est-ce qui me faire peur chez moi ? Quel est le risque d’être tel ou tel genre de personne ?
-Est-ce que je suis serein quand je suis seul avec moi-même ?
-Est-ce que je suis capable de m’estimer même avec mes défauts ? Si oui, dans quelles situations ? (les lister et les reproduire)
Les petites actions supplémentaires que vous devez mener :
-Renseignez-vous sur votre pays d’origine (ou région). Est-elle riche ? Pauvre ? Et si votre famille était dans l’un de ces 2 cas (l’un après l’autre), comment le vivriez-vous ? L’accepteriez-vous ?
-Regardez des documentaires* ou reportages concernant votre pays de naissance. Ceci vous permettra de vous projeter, de vous imprégner de la culture, mais surtout d’apprécier les gens qui y vivent.
*Les personnes que vous y verrez seront probablement comme votre famille biologique.
Conclusion :
Ne compter que sur sa famille biologique ou son pays d’origine pour se sentir mieux est risqué. Il faut d’abord avoir travaillé un minimum sur son estime de soi afin d’éviter les désillusions une fois de retour au quotidien.
Si vous voulez travailler votre estime de soi, vous pouvez trouver différents types d’accompagnement, dont le mien, sur cette page.
Prenez soin de vous.
Mots clés : adopté, adoption, famille biologique, parents biologiques, pays d’origine, adopté des Philippines, adopté de Colombie, quête des origines, reflet génétique
Recherches utilisées pour trouver cet article : https://www sadoptersoi com/pourquoi-retrouver-ses-parents-biologiques-ne-resout-pas-toujours-tout/
totalement en desaccord avec votre théorie !!!!