Pour ceux qui cherchent « Témoignage adoptée d’Ethiopie« , H. (ou G) nous raconte son histoire : Son adoption, son rapport avec sa famille adoptive et biologique, ses retrouvailles, ses joies, ses peines et sa foi en la vie.
Moi c’est H. là bas (dans mon pays d’origine) et G. ici (en France), adoptée d’Éthiopie.
J’ai vécu ma seconde naissance dans l’avion qui me portait à Roissy en départ d’Addis Abeba le 08/05/1995. Ma blessure d’adoption fleurissait dans mes entrailles de fillette de cinq ans et au lieu de pétale se manifestaient de chaudes larme sur mes joues pendant des jours et des nuits.
Puis cette blessure s’est intériorisée avec le temps. Impossible pour ma personne d’exprimer ce que l’on venait de m’enlever, de m’arracher, de me déplanter… Et tout cela a ressurgi bien des années plus tard, de longues années plus tard, seize années exactement.
Avant cette réapparition soudaine de tout ce qui était enfoui j’ai vécu 16 années entourée d’une famille charmante, d’un papa aimant de frères et sœurs blancs adorables mais d’une mère assez distante…
Si distante que je le suis devenue à mon tour.
Mon désir d’évasion à 18 ans a dépassé mon amour pour mes proches adoptifs, mon assiduité scolaire et mes liens amicaux et m’a menée dans un nouvel avion, dans un nouveau pays, l’Italie.
Après des mois de travail en Italie je recevais des courriers insistants de mon père adoptif qui voulait m’annoncer une nouvel, un événement, quelque chose de… déboussolant. Il m’apprit, donc comme je vous l’apprends, que j’avais une famille biologique en vie ; deux sœurs et deux frères dont l’un d’eux adopté également en France mais dans une autre famille.
Quel choc, quelle surprise, quel bouleversement intérieur… La fleur, graine de ma blessure d’adoption est réapparue décuplée de grandeur, brûlant mes joues cette fois d’épines larmoyantes.
Confusion, perte d’identité, mal être, confusion encore animaient ma fleur intérieur.
L’avion de l’interrogation m’a menée tout droit à Orly pour trouver des réponses sur ma terre d’adoption.
Mon père adoptif m’a expliqué que l’enquête sur mes origines avait été mené un an auparavant par l’un de mes frères adoptifs qui s’était rendu à Addis Abeba pour y retrouver ma fratrie et m’offrir le plus beau cadeau de ma vie. J’ai donc discuté avec l’enquêteur fétiche qui m’a appris que ma famille était bienveillante qu’ils m’avaient recherché en vain pendant 16 ans qu’il avait parcouru les orphelinats, les villages, le voisinage pour arriver jusqu’à eux et que ma mère m’aimait. Il m’a également parlé de ce frère adopté en France. Nous avions été séparé à l’orphelinat sans que personne ne le sache, il avait été transféré dans le Sud de la France et moi dans le Nord. Par contre, interdiction formelle de prendre contact avec lui car sa famille s’y opposait à l’époque.
Après avoir nourri ma fleur intérieur par ces engrais d’information je me suis mise face à un papier et j’ai écrit, j’ai écrit à m’en épuiser le bout des doigts, j’ai déchiré réécrit et redéchiré ma première lettre destinée à ma famille biologique jusqu’à ce qu’elle me semble parfaite.
La réponse fut immédiate. Les échanges de plus en plus fréquents et mon désir de les voir, insatiable…
Alors, quelques mois plus tard je me trouvais dans mon ultime avion, direction Addis Abeba, seule pour retrouver des inconnus déjà connus pour une période « sempiternelle »…
J’ai vécu cinq mois de bonheur auprès de ma mère de mon frère et de mes sœurs éthiopiens. Cinq mois intense, fabuleux ,extraordinaires, fantastiques. Ma fleur pour la première fois faisait scintiller des semences oniriques dans mes yeux.
Puis l’heure du retour a sonné comme le glas. Les renouvellements de visa étaient trop dépassés…
Au retour, je ne reconnaissais plus ma France, ma famille, mes amis… Et plus personne ne me reconnaissait.
Après avoir été enfermé dans un havre paradisiaque pendant cinq mois, j’ai connu l’enfer pendant 3 mois.
Nouvel enfermement : hôpital psychiatrique qui m’a tout droit mené à une période de dépression latente dans laquelle je n’ai plus voulu évoquer mon pays l’Ethiopie pendant une longue année. Ma fleur intérieur s’était fanée pour la première fois. Elle s’est transformée à mon retour en un monstre des ténèbres pour faire surgir une partie de moi démoniaque et pleine de délire pour s’éteindre pendant une longue année, année vide, désespérée pleine d’idées sombres et morbides…
Puis le temps a su me réparer, me renforcer, me relever…
J’ai travaillé, j’ai repris les études, j’ai repris l’avion et j’y suis retournée dans de meilleures conditions… Accompagnée par une amie chère et pour une durée moins longue.
Je n’ai hélas jamais rencontré mon frère du Sud de la France qui a choisi de s’éteindre en 2015 pour s’échapper dans un sommeil éternel mais je reste persuadée que mon existence est vouée à connaître des flux émotionnels que je devrai combattre, que je devrai prévoir, que je devrai dépasser.
Aujourd’hui j’accepte mon passé je vis avec l’espoir d’un futur toujours plus beau et je marche désormais au côté de ma fleur que j’ai appris à apprivoiser.
merci à G. et partagez cet article si vous pensez qu’il peut aider un de vos proches.
Mots clés : adopté Ethiopie, témoignage adopté Ethiopie
Un écrit émouvant qui m’a touchée
Bonjour,
C’est juste magnifique ce que tu écris. Bravo ! Bonne continuation.